Gaïa

Éon et Tellus (Gaïa) entourée de quatre enfants, peut-être les saisons personnifiées, mosaïque romaine d'une villa de Sentinum, début iiie siècle, Glyptothèque de Munich (Inv. W504)
Dans la mythologie grecque, Gaïa (du grec ancien Γαῖα / Gaîa ou Γαῖη / Gaîê), ou Gê (du grec ancien Γῆ / Gễ, « Terre »), est une déesse primordiale identifiée à la « Déesse mère ». Elle est l'ancêtre maternelle des races divines, mais enfante aussi de nombreuses créatures. Elle apparaît en outre comme une divinité chtonienne que l'on invoquait ou à laquelle on sacrifiait des victimes de couleur claire en même temps qu'aux autres puissances infernales, telles qu'Hadès, Perséphone, Hécate ou Nyx. Elle s'unit à Ouranos, elle engendra les six Titans et les six Titanides, puis les Cyclopes et enfin les Hécatonchires (les monstres aux cent bras). Gaïa et Tartare (son frère) donnèrent naissance à une créature terrifiante, Typhon.
Étymologie
Le mot grec γαῖα / gaîa, formé de la racine γά / gá, prononcé « ga » dans le dialecte dorien, signifie « Terre » dans la Grèce Antique. Le suffixe aia vient probablement du mot avia, qui en latin veut dire la « grande-mère »[réf. nécessaire]. La dénomination du personnage est à l'origine, à l'époque moderne, du préfixe geo, qui compose les mots faisant référence à la terre, tels géographie, géologie, géométrie, etc.
Mythe
Gaïa est largement évoquée dans la Théogonie d'Hésiode : au commencement c'est Chaos qui sort d'une profonde crevasse, suivi par Gaïa et Éros (l'Amour).
Gaïa donne naissance dans un premier temps (sans intervention mâle) à Ouranos (le Ciel) afin de l'envelopper, Pontos (le Flot marin) et à Ouréa (les Montagnes et les Monts), ainsi qu'aux nymphes. Unie à Ouranos, elle donne ensuite naissance aux Cyclopes (bâtisseurs de murs colossaux, n'ayant qu'un œil au milieu du front et qui donneront plus tard la foudre à Zeus), ainsi qu'aux Titans et Titanides (divinités de très grande taille, décrits comme violents et forts dans la Théogonie d'Hésiode), parmi lesquels Cronos (celui qui sauvera ses frères et sœurs de la haine de leur géniteur) et aux Hécatonchires : Cottos, Briarée et Gygès (monstres possédant 50 têtes et 100 bras). Ouranos obligeait Gaïa à garder leurs enfants en son ventre, sinon il les jetait dans le Tartare. Gaïa, qui ne supporte plus que ses enfants soient retenus en son sein, forge une serpe qu'elle offre au plus courageux de ses fils, Cronos.
Le dernier des Titans (Cronos) finit par émasculer son père à l'aide d'une faucille d'airain que lui a fournie sa mère. Gaïa reçoit les éclaboussures provoquées par cet acte. Le sang d'Ouranos la féconde alors, laquelle enfante les Érinyes, les Géants, les nymphes méliennes, puis Aphrodite, née de l'écume des flots.
Fécondée ensuite par son fils Pontos, elle engendre les divinités marines primordiales : Nérée (qu'Hésiode, dans sa Théogonie, v. 233-234, fait plutôt naître du seul Pontos), puis Thaumas, Phorcys, Céto et Eurybie. Avec Tartare, elle donne naissance à Typhon et, selon le pseudo-Apollodore, à Échidna. Plusieurs autres maternités lui sont également attribuées.
Descendance
Les principaux enfants cités par les traditions posthésiodiques sont :
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le Géant Antée (par Poséidon ; pseudo-Apollodore, 2.115),
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Aristée (par Ouranos, Lyriques grecs IV[Quoi ?] — Bacchylide fr. 45),
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le monstre marin Charybde (par Poséidon; Scholiaste à l'Odyssée),
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Manès (par Zeus ; Denys d'Halicarnasse, I, 27),
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les trois Hécatonchires (par Ouranos : Cottos, Gygès et Égéon)
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les trois Moires (par Ouranos ; Fragments orphiques) ou (par Océan; Lycophron Alexandra 144, Athénée Deipnosophistes 15),
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les trois ou quatre Muses primitives (par Ouranos ; Alcman fr. 67 Mimnerme fr. 13 ; Praxilla fr. 3),
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le dieu Pan (sources diverses),
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le dieu-satyre Silène (par le sang d'Ouranos; Nonnos, Dionysiaques),
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le dieu agreste Triptolème (par Océan ; pseudo-Apollodore 1.32, Pausanias 1.14.3).
On lui reconnaissait en outre la maternité parthénogénétique de lointains héros fondateurs ou premiers hommes, tels que :
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Alalcoménée (Lyriques grecs, fragment anonyme),
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les Athéniens Cécrops (sources diverses),
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Érichthonios (Iliade, pseudo-Apollodore 3.188, Callimaque, Fragment 260),
Et aussi des peuples mythiques entiers :
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les Cabires (sources diverses[Lesquelles ?]),
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les Centaures cypriotes (Nonnos, Dionysiaques),
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les Hyperboréens,
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les Lestrygons de l'Odyssée,
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les Libyens,
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les Pygmées.
Assimilations
La Terre-Mère des anciens est presque toujours désignée sous les noms de Gaïa ou Gê en Grèce, de Tellus ou de Terra-Mater chez les Romains, tous considérés comme des traductions littérales du mot « Terre ». Mais au gré des traditions tardives, elle se confond, notamment chez les poètes, avec d'autres puissances fécondatrices, telles la déesse-mère phrygienne Cybèle (plus fréquemment assimilée à la Rhéa grecque) ou la déesse du foyer Hestia ou Vesta (notamment dans les Fastes du poète latin Ovide). Eschyle considère pour sa part qu'elle ne fait qu'une avec Thémis (Prométhée enchaîné) et les traditions orphiques la désignent volontiers sous le vocable de Chthon en tant que puissance infernale (divers orphiques).
Dans la tradition gnostique au sens le plus élargi, la Terre-Mère est formée de l'Éon Achamoth (ou Sophia-Terrestre, la sagesse), rejetée du Plérôme où l'engendra à elle seule l'Éon Sophia du Dodécade (sans appoint de son pendant mâle, Thélêtos (ou Christos) la volonté). Elle erre ainsi, disséminant à travers le Kérôme, et ne faisant bientôt plus qu'un tout avec le plan terrestre.
Gaïa est assimilée au dieu de la Terre égyptien Geb.